Ibrahima Diagne

Ibrahima Diagne

 

Entre éloge de soi, discours victimaire et revendications de reconnaissance. Marc Guèye Un tirailleur sénégalais dans la guerre d’Indochine 1953–1955 (2007) (Abstract)

 

En s’appuyant sur le témoignage autobiographique du Sergent-chef Marc Guèye (Un tirailleur sénégalais dans la guerre d’Indochine 1953–1955), publié en 2007 aux éditions Presses Universitaires de Dakar, cet article analyse les formes et les processus de perception et de représentation interculturelle induits par le vécu quotidien de la guerre. Celle-ci est prise en compte dans un double épistémè, aussi bien comme un état de violence et de terreur découlant des opérations militaires qu’un espace de rencontres de divers peuples et cultures. L’intérêt de cette approche tient au fait qu’elle permet de comprendre l’ordre implicite, les rapports sociaux et culturels entre les belligérants, mais aussi les transformations biographiques du sujet (colonial) manifestement difficiles à saisir dans la recherche macro-historique. Suivre les traces de Marc Guèye en Indochine implique de considérer la guerre non pas comme une histoire temporellement close, mais plutôt dans sa dimension sociale et existentielle comme ayant un effet sur le jeu d’échanges complexes et productifs entre métropole et colonie. Je voudrais d’abord explorer la fonction de la socialisation militaire comme facteur d’identification et catalyseur de changement culturel, puis la perception et les modes de représentation de l’ennemi, et, enfin, la lecture à rebours et l’écriture subjective de la guerre qui se vivifient des souvenirs autobiographiques et de la mémoire collective.