Ursula E. Koch

Ursula E. Koch

 

Paris – München – Berlin: Illustrierte humoristisch-satirische Journale im Wandel des Zeitgeistes (1871—2005) (Abstract)

 

L’histoire de la presse satirique et humoristique en France et en Allemagne se caractérise par des revirements majeurs dus au contexte politique sans cesse changeant. Dès 1830/1832, certains hebdomadaires comme « La Caricature politique morale et littéraire » sont illustrés par de jeunes génies du dessin comme Grandville ou Daumier. Le journal français « Le Charivari » va plus tard servir de modèle aux deux revues allemandes à succès « Fliegende Blätter » et « Kladderadatsch ».

La censure de la caricature instaurée en 1835 vient perturber l’essor de ce nouveau genre journalistique caractérisé par l’exagération, la simplification et l’aliénation. Néanmoins, la caricature reste l’un des phénomènes culturels les plus inhérents au journalisme.

Des deux côtés du Rhin, l’étude de la presse satirique de l’époque montre à quel point le conflit franco-allemand de 1870/1871 fut précédé et accompagné d’une ‘guerre’ de l’écrit et de l’image. Quelques années plus tard, sous la République française naissante et l’Empire allemand, la presse satirique illustrée connaît son apogée. Les lois sur la liberté de la presse en Allemagne (1874) et en France (1881), les progrès techniques, le goût de plus en plus prononcé des lecteurs pour ce type de presse provoquent, notamment à Paris, une explosion du nombre de journaux satiriques. Ceux-ci se confrontent dans les grands débats de l’époque tels que l’affaire Dreyfus. Trois villes vont alors s’affirmer comme centres de production de la caricature en Allemagne : Berlin, Munich et Stuttgart.

Le « Simplicissimus », fondé en 1896, devient le magazine satirique allemand le plus connu. Comme de multiples autres journaux à partir de 1914, il met sa critique virulente au service du patriotisme allemand. Le « bourrage de crâne » destiné à soutenir le moral des nations s’opère alors par la propagande par l’image. Celle-ci est cependant dénoncée dès 1915 par un journal en France, « Le Canard enchaîné ». L’après Première Guerre mondiale marque un net recul du genre satirique à Paris. On observe une évolution du métier de caricaturiste dans la mesure où les dessinateurs se considèrent alors de moins en moins artistes et de plus en plus journalistes. En matière de politique extérieure, la critique des journaux satiriques allemands prend maintenant pour cible principalement la France. D’autres journaux humoristiques, notamment à Berlin, se consacrent plutôt au divertissement, répondant ainsi à un besoin d’évasion du lecteur. Parmi les nombreux magazines satiriques existant en Allemagne à cette période, les plus productifs sont ceux du parti communiste et de ses sympathisants, interdits dès la prise du pouvoir par Hitler et l’incendie du Reichstag. Sous la dictature national socialiste, seuls survivent les journaux satiriques mis au pas, tels le « Kladderadatsch » et le « Simplicissimus ».

Les journaux satiriques n’ont pas connu, comme l’ensemble de la presse, un nouvel essor après la Seconde Guerre mondiale. Ils sont concurrencés notamment par la télévision (entre autres par « Les Guignols de l’info » ou « Hurra Deutschland »). On compte toutefois aujourd’hui un certain nombre de journaux de ce genre, tels que « Le Canard enchaîné » ou « Titanic », qui ont encore de beaux jours devant eux.

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