Le projet

En 2013 déjà, le professeur Elton Prifti a lancé le projet à long terme Romania « minor ». C’est dans le cadre du Centre des langues régionales et minoritaires européennes, fondé en décembre 2022 à l’Université de la Sarre, que ces activités de recherche et d’enseignement ont pu être continuées et même intensifiées.
Le projet a pour objectif de
- sensibiliser les étudiant(e)s à l‘existence et à l‘importance des langues minoritaires européennes
- transmettre des connaissances linguistiques et culturelles
- promouvoir l‘étude scientifique des « petites » langues européennes
- mettre l'accent sur les liens entre les différentes langues romanes
Il s'adresse notamment aux étudiant(e)s en romanistique et aux jeunes chercheurs et chercheuses mais aussi à toutes les autres personnes qui veulent en savoir plus sur la diversité linguistique et culturelle de la Romania car : la Romania ne se limite pas aux « grandes » langues romanes tels que l'espagnol, le français, l'italien, le portugais ou le roumain – ce sont aussi toutes les « petites » langues qui font sa richesse.
Le projet Romania "minor" repose sur une étroite collaboration avec le conseil des étudiants en romanistique ("Fachschaftsrat").
Plus d'infos
La Romania se distingue par une forte diversité culturelle et linguistique. Au niveau linguistique, cette diversité est même une de ses caractéristiques les plus marquantes, tant synchroniquement que (encore plus) diachroniquement. Dès le début de la différenciation et de l'émancipation des langues romanes individuelles, les différences dans l'évolution, l'élaboration, la diffusion et le statut de ces dernières sont énormes. Cela apparait clairement si l'on compare le développement historique qu'ont pris des langues tels que l'occitan, le français, le catalan, le galicien, le portugais,leu francoprovençal ou le mégléno-roumain. Mentionnons seulement deux exemples pour illustrer la réalité complexe de la Romania : d'une part, la réduction progressive de la valence communicative et du statut de l'occitan en faveur du français dont la domination s'est solidifié de manière constante à travers le temps. D'autre part, la dynamique fluctuante dans la relation de domination entre le portugais et le galicien.
“Si l'on regarde la situation actuelle, surtout dans l'espace européen, on peut parler d'une polarisation. D'un côté, on retrouve les ”grandes" langues romanes, c'est-à-dire l'espagnol, le français, le portugais, l'italien et le roumain. De l'autre, il y a les “petites” langues qui constituent pourtant la majorité parmi les langues romanes. Dans la Romania continua, ce groupe est composé, d'après la conception générale, de ouest en est du galicien, du catalan, de l'occcitan, du francoprovençal. du sarde, du romanche, du ladin, du frioulan, de l'istro-roumain, de l'aroumain et du mégléno-roumain. En règle générale, ces langues sont une langue minoritaire dans les pays dans lesquels elles sont parlées, tandis que les “grandes” langues romanes sont des “langues-toit” dans le sens de Kloss. L'ensemble des langues romanes qui sont (ou étaient) parlées par une minorité au sein d'un état et qui existent “sous le toit” d'une autre langue – indépendamment de leur stabilité sociolinguistique et de leur nombre de locuteurs – constitue la Romania “minor”. Les langues et variétés de la Romania “minor” sont doublement pertinents pour la recherche romanistique. Premièrement, ils sont des éléments fondamentaux de la Romania linguistique, qu'il faut étudier et analyser de manière systématique, profonde et détaillée. Des études historiques s'avèrent ici particulièrement prometteuses et fructueuses pour la recherche pan-romane. Deuxièmement, l'étude des langues de la Romania “minor” implique toujours de s'intéresser aussi à leurs “langues-toit” respectives, c'est-à-dire, dans la plupart des cas, au langues de la Romania “maior”, au vu des liens multiples et solides qui les unissent à ces dernières. Si l'on s'occupe par exemple du galicien, il faut évidemment aussi aborder ses relations avec l'espagnol et le portugais. De même, pour l'étude de l'occitan, du francoprovençal, du sarde, du ladin ou du frioulan, il faut nécessairement tenir compte du français et de l'italien respectivement."
(extrait de : Prifti, Elton/Schrader-Kniffki, Martina (2020): Vorwort, in: Prifti, Elton/Schrader-Kniffki, Martina (eds.), Translation und sprachlicher Plurizentrismus in der Romania „minor“, Frankfurt a. M. et al., Lang, 7-8, traduction et adaptation JW)
Un de nos domaines d'activité principaux est l'enseignement. Depuis le semestre d'hiver 2023/24, il y a la possibilité d'étudier les langues régionales et minoritaires européennes dans le cadre d'un “Bachelor-Ergänzungsfach” (pour les étudiant(e)s de la faculté des lettres) ou d'un certificat (ouvert á tou(te)s les étudiant(e)s). Chaque semestre, une langue de la Romania ”minor" est particulièrement mise en avant. Dans nos cours magistraux, séminaires et tutorats, nous transmettons des connaissances fondamentales sur les langues régionales et minoritaires européennes. Ces cours sont complétés par des cours de langue, donnés par des locutrices ou locuteurs natives/natifs, par des conférences de spécialistes externes et par des événements culturels. De temps en temps, il y a aussi des excursions.
L'infrastructure de recherche inclut les différents départements du centre, dédiés aux langues individuelles de la Romania “minor” . Le premier département, le Centro de Estudos Galegos Saarland (CEG Saarland)/Zentrum für galicische Studien Saarland a été fondé en février 2022. Il coopère étroitement avec le CEG Heidelberg. Dans la même année, le Centru di studii còrsi (département corse) et le Centri di Studis Furlans(département frioulan) ont pu être inaugurés. Le Centre d'estudis occitans et le Zënter de Stüdi Ladinsfondés en été 2023 et au début de l'année 2024 complètent la structure actuelle du centre. Pour les années futures, la fondation d'autres centres est prévue.