13.01.2026

What drives french voters to the polls?

Femme ayant des cheveux blonds courts.
© Anne Jadot

Entretiens franco-allemands

 

Date : 13 janvier 2026, 16h30–18h00

Lieu : Université de la Sarre, campus B3 1, salle 0.14 (Hörsaal I)

 

Intervenante : Anne Jadot (Université de Lorraine)

Invitée par : Georg Wenzelburger (sciences politiques)

Ce qui conduit les électeurs français à voter

La participation électorale est la clé des scrutins : il est crucial pour un parti (ou un candidat) de convaincre ses sympathisants de continuer à se rendre aux urnes et de mobiliser ceux qui s’étaient précédemment abstenus. C’est cette mobilisation politiquement différentielle, laquelle évolue selon le contexte d’une élection donnée, qui explique pourquoi, en France, on a pu connaître des alternances parfois assez rapprochées, voire des situations de cohabitation. Cette approche permet aussi de comprendre la très forte participation enregistrée lors des élections législatives anticipées de juin-juillet 2024, à un niveau inédit depuis des décennies.

Cette conférence défendra l’idée selon laquelle il est particulièrement important de cerner des itinéraires de participation au niveau individuel, avec une approche longitudinale. Les citoyens ne se rangent en effet pas dans 2 camps opposés, d’un côté ceux qui voteraient et de l’autre ceux qui s’abstiendraient. Il est bien plus heuristique de se demander pourquoi une même personne tantôt vote et tantôt s’abstient. Surtout que l’abstention intermittente est devenue quasiment une nouvelle norme, y compris chez des citoyens dotés de repères et d’un minimum d’intérêt politiques.

Cette perspective nous amènera à présenter la palette des données empiriques qui permettent d’abord de mesurer, puis d’expliquer ou de comprendre de tels itinéraires. En espérant être utile pour un (jeune) chercheur étranger qui voudrait travailler sur le cas français, nous présenterons pour chaque source son intérêt mais aussi ses limites. On peut d’abord s’appuyer sur des relevés sur listes d’émargement (même s’il est impossible dans notre pays de procéder à des ‘enquêtes de validation’), qu’il s’agisse de monographies menées par des chercheurs ou bien d’un échantillon national représentatif grâce aux enquêtes Participation de l’INSEE. Celles-ci sont cruciales pour quantifier des clivages socio-économiques sans biais déclaratifs liés au sentiment de devoir civique, mais lacunaires sur les effets des variables politiques. C’est pourquoi des questions fermées incluses dans de grandes enquêtes universitaires permettent de croiser la participation habituelle déclarée avec toutes les autres caractéristiques connues sur les répondants. Mais il est encore plus intéressant de ‘trianguler’ ces informations en incluant une question ouverte sur leurs motivations de voter ou s’abstenir. En recueillant un tel verbatim, auquel on applique ensuite des analyses textuelles assistées par logiciel, on peut dégager des raisons structurelles ou conjoncturelles de voter. Enfin, dernier apport possible, des entretiens qualitatifs semi-directifs révèlent l’importance symbolique du vote qui persiste en France, avec un fort investissement paradoxal dans les bulletins blancs ou nuls.

Conférence en anglais.